sexta-feira, 13 de fevereiro de 2009

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12/02/09 - Libération.fr

Place à Dani Gurgel - 23 ans, fraîcheur brésilienne -, digne représentante d’une nouvelle génération musicale, à la fois classique et inattendue. Car figurez-vous que, cinquante ans pile après l’effervescence de la bossa, voilà que ça recommence : de très jeunes gens se mettent en tête de marier harmonies sophistiquées du jazz et rythmes des musiques traditionnelles brésiliennes, tout simplement parce que cela produit de belles choses.

Mais attention, l’eau a coulé sous les ponts : le MP3 a relégué le 45 tours dans les brocantes, les métissages musicaux sont devenus monnaie courante, et, surtout, on ne descend plus sur la plage d’Ipanema avec une guitare, mais on s’enferme dans un studio de São Paulo avec un pianiste. Au revoir la bossa, bonjour le «brazilian jazz» comme Dani Gurgel, son plus récent vecteur, aime à dire. C’est Maria Rita qui a ouvert la voie avec son album, en 2003. Trio piano-basse-batterie, voix pleine de punch héritée de sa mère Elis Regina, culture musicale transmise par son père, le pianiste et compositeur Cesar Mariano Camargo, chansons rôdées dans des petits clubs. A l’arrivée, un succès massif et imprévu.

Numérique. Dani Gurgel, autre native de São Paulo, a également des parents musiciens. Sa mère Debora tient le piano sur Nosso (Nôtre en VF), le premier vrai album de la fille, et compose parfois. Musique précise qui swingue, et qui ne réinvente pas le fil à couper le beurre. La voix de Dani Gurgel est plutôt du genre filet que torrent, mais bien posée. Allez donc vous faire une idée sur YouTube, MySpace, Facebook, Orkut ou les bons blogs musicaux brésiliens où tout cela est écoutable, en commençant par Neneca, le morceau le plus addictif de la rondelle.

Dani Gurgel est une fille de son temps. A l’université, son sujet de maîtrise en sciences de la communication était intituléPhotographie et musique : du vinyl au MP3, du film au mobile. Aujourd’hui, elle est photographe et chanteuse. «Comme je n’ai pas pu choisir entre l’un et l’autre, j’ai décidé de faire les deux», bien consciente que, dans les deux cas, le numérique a fondamentalement changé la donne. «Je n’espère pas vivre de la musique, du moins en vendant des albums ou des MP3. L’important pour moi est d’abord d’être entendue ; de ce point de vue les sites communautaires sont des outils puissants.» A priori, la jeune fille ne devrait guère être connue aujourd’hui au-delà des limites de São Paulo, où elle a donné la plupart de ses concerts. Mais magie d’Internet…

Les 11 titres de son album sont signés de quinze compositeurs différents. La plupart inconnus. «Je prends exemple sur Elis Regina, précise la néophyte. Quand elle a enregistré les compositions de Gilberto Gil, João Bosco, Ivan Lins, ces derniers n’étaient encore personne. Elle les a dénichés et fait connaître au monde entier.»

Dès 2007 (à 21 ans), l’élève se lançait donc dans un «Dani Gurgel e Novos Compositores Project», série de concerts qui ont fait découvrir les morceaux d’auteurs débutants, en même temps que la voix de la petite nouvelle. La démarche se poursuit aujourd’hui dans un nouveau projet, soutenu cette fois par le programme d’action culturelle de l’Etat de São Paulo - intéressante incursion des pouvoirs publics dans le financement de la musique populaire et contemporaine, au moment où les modèles économiques du disque volent en éclat.

Charnière. Peut-être Dani Gurgel a-t-elle la chance de vivre une période charnière au bon endroit. «Je suis née au moment où le pays passait de la dictature militaire à la démocratie. Et je fais mes premiers disques au moment où les technologies numériques rebattent les cartes.» Les horizons impalpables de ce début de XXIe siècle ne l’inquiètent pas. Elle affiche au contraire un optimisme juvénile : «Quoi que j’ai fait l’an dernier, c’est déjà vieux et il me faut faire mieux en 2009, et ainsi de suite.»

Si Elis Regina est un modèle, sa fille, Maria Rita, l’est aussi, jusqu’à un certain point. «C’est une chanteuse que j’admire, ma musique a beaucoup à voir avec son premier album. Son troisième [l’excellent Samba Meu, ndlr] s’éloigne de ce que je veux faire. Elle est retournée aux racines de la samba, alors que ma propre route me conduit à la réunion de tous les rythmes brésiliens (tous, pas seulement la samba) avec le jazz.» Il y a sans doute du boulot pour quelques années.
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*** É uma matéria que compara a carreira da artista Dani Gurgel com a da Maria Rita. Só para arquivo, mesmo...

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